Pour Jean Luc (Photo postée le Mar 16 Déc 2014) et les autres
Explication longue mais en vaut le détour
Phare de Ploumanac'h dit "phare de Mean Ruz"
Dénomination : phare
Appellation et titre : dit phare de Mean Ruz
Précisions sur la localisation
Numéro INSEE de la commune : 22168
Aire d'étude : Communes littorales des Côtes-d'Armor
Canton : Perros-Guirec
Milieu d'implantation : en écart
Latitude : 48.8374411
Longitude : -3.4833959
Eléments de description
Matériau(x) du gros-oeuvre et mise en oeuvre : moellon ; granite
Commentaire descriptif : L'ancienne tour et l'appentis étaient construits en moellons bruts de granite provenant des abords du rocher de Mean-Ruz. La tour avait été blanchie à la chaux du côté du large. Les chaînes d'angles, le pourtour des portes et fenêtres, la corniche et la tête de cheminée étaient en pierre de taille de granite de l'Île-Grande.Les toitures pentées étaient en zinc (logement et appentis).
Le phare actuel de Ploumanac'h est une tour pyramidale en pierres apparentes de granite rose, de 15 mètres de hauteur. La hauteur du phare au-dessus de la mer est de 26 mètres et la hauteur de la focale est de 13, 50 mètres. Le fanal est seulement accessible par un pont jeté entre le rocher sur lequel il est érigé et le chaos granitique. Il s'agit d'une tour de forme quadrangulaire destinée à supporter un appareil d'éclairage constitué par une lanterne. La tour est extérieurement de section carrée et cylindrique à l'intérieur. Elle permet d'accéder au feu par l'intermédiaire d'un escalier intérieur en spirale conduisant à une galerie supérieure et extérieure. La tour s'élargit donc au sommet de manière à constituer une plate-forme autour du support du feu. La plate-forme est entourée d'un parapet en maçonnerie. Fondée à même le rocher et reliée à la terre par un pont de 9 mètres possédant un parapet, la tour est construite sur une plate-forme épousant le contour du rocher et entourée d'un muret.
Commentaires sur la mise en oeuvre : la tour a été construite en matériaux du pays de manière à ce que l'édifice s'harmonise avec le cadre environnant. La maçonnerie de pierres apparentes a été réalisée en moellons de granite rose provenant des carrières de La Clarté. Les chaînes d'angles, le socle, les encadrements des ouvertures, le bandeau et les corbeaux sont en pierres de taille de granit rose. L'escalier intérieur hélicoïdal est en béton armé. L'appareillage des pierres a été extrêmement bien soigné avec les joints apparents. Les chaînes d'angles sont nettement affirmées et présentent des lignes géométriques continues. Seule la façade sud-ouest est percée d'ouvertures. Pratiquées dans un renfoncement rectangulaire vertical, les fenêtres éclairant l'escalier intérieur rompent avec l'aspect lisse et impénétrable qu'offrent les autres côtés de l'édifice. Ce dernier aspect est accentué par le sommet de l'édifice constitué d'un parapet en pierre soutenu par des corbeaux ressemblant à une tour foteresse. Ce procédé permet de limiter l'impression de verticalité qui se dégage de la tour, verticalité rompue d'autre part par le bandeau séparant les deux parties du fût de l'édifice.
Technique du décor des immeubles par nature : maçonnerie
Etat de conservation : bon état
Eléments d'historique
Datation(s) principale(s) : 3e quart 19e siècle ; 2e quart 20e siècle
Datation(s) en années : 1860 ; 1947
Justification de la (des) datation(s) : datation par source
Auteur(s) de l'oeuvre : Dujardin (ingénieur) ; (Auffret (ingénieur)
Justification de la (des) attribution(s) : attribué par source
Commentaire historique : Le 22 janvier 1856, l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées rapportait qu'une pétition avait été adressée au préfet des Côtes-du-Nord par de nombreux habitants des communes de Perros-Guirec et de Trégastel pour l'établissement d'un petit feu à l'entrée de Ploumanac'h, comme suite au naufrage d'un bateau pilote l'année précédente. L'ingénieur poursuivait son rapport en insistant sur l'importance du port de Ploumanac'h pour la pêche aux maquereaux et aux langoustes, qui alimente l'arrondissement de Guingamp, les ports de la Manche et jusque la ville de Paris (25 bateaux). Il mentionnait aussi le transport du goémon et du sable de mer, avant de revenir sur la navigation dangereuse de nuit et la présence régulière de la houle dans le chenal qui mène à l'anse de Ploumanac'h, exempte de tout ouvrage portuaire. Le premier projet devait être érigé sur "Castel Braz", au-dessus de la plage de la Bastille, mais la commission nautique décida à l'unanimité le rocher de Mean Ruz en Ploumanac'h. Le projet fut approuvé par décision ministérielle du 22 septembre 1858. L'adjudication du site fut obtenue en 1859 par Kerguenou, entrepreneur à Lannion. Le rocher fut dérasé et la tour construite sur la partie est de la roche. L'Etat du acheter une parcelle de 20 ares nécessaire pour cette construction et le droit de passage attenant au lieu dit "Lan lors Luron", où pu être construit un pont en granite avec une superbe voûte.
Le 1er août 1860, la tourelle carrée en maçonnerie, de 2, 40 m de côté et de 8, 90 m de hauteur, contenant un escalier d'accès à la plate-forme de la lanterne, escalier à vis avec un diamètre de 12 40 m, était équipée d'un feu fixe rouge à pétrole avec une mèche unique, visible à 8 milles (15 km). Elle formait avec la tour de l'Île aux Moines et le clocher de la Clarté (amer remarquable), un angle de 170° et avec cette même tour et le clocher de Trébeurden, un angle de 136°. Le plan focal était de 24, 50 mètres au-dessus du niveau des plus hautes mers. Les premiers gardiens pouvaient arriver.
L'ancienne tour était construite en pierre de taille (de la Clarté) pour les socles, corniches, angles, encadrement des portes et fenêtres, marches d'escalier et soubassement de la lanterne. La balustrade de la plateforme était de fer galvanisé et la toiture en zinc. Un petit hangar adossé au rocher recevait la provision de bois. Derrière la tour avait été accolée une petite construction servant de lieu d'aisance. La tour était adossée à un corps de logis long de 7, 30 m et large de 6, 40 m, contenant une chambre, une pièce servant de salle commune, un magasin aux huiles, un vestibule donnant accès à la tour, un bureau. A ce bâtiment avait été accolé, en 1886 un appentis séparé en deux pièces de mêmes dimensions servant de cuisine et de cellier accessibles par la salle commune. Sous le phare, côté est, un escalier en pierres de granite, taillées, menait à une cave, qui servait au gardien à stocker son cidre. Pierre Menguy fut l'un des derniers gardiens du phare de Mean Ruz jusqu'en 1945, où il était en poste avec sa femme Radegonde, née Colin (gardienne en titre, précédemment affectée au phare de Bréhat depuis 1902).
Le bâtiment du gardien et de sa famille représentait un plan rectangulaire, avec une pièce unique au rez-de-chaussée (chambre) et un étage sous combles aménagé avec une seconde chambre (lis clos). En 1879, la parcelle de 2 ha 50 était achetée et annexée au phare, afin que les gardiens puissent disposer d'une fontaine et de l'alimentation en eau douce. Un bâtiment à usage de magasin à huiles (pétrole) pu ainsi y être construit.
En 1886, le logement du gardien, annexé à la tour, était agrandi d'un nouvel appentis, desservi par une rampe légèrement inclinée.
En 1921, le feu fixe était à secteur blanc et rouge. En 1930, la tourelle était blanchie du côté du large. Le 4 août 1944, le feu était détruit par les troupes allemandes dans leur débâcle. En attendant la reconstruction d'un nouveau phare, on éleva une tourelle métallique. En octobre 1948, un nouveau feu était allumé : feu à occultation toutes les 4 secondes, secteur blanc et rouge, sur le nouveau phare, une tour pyramidale réalisée par l'entreprise Martin et Frères de Lannion, selon les plans des architectes Auffret et Hardion, avec la participation de l'artiste Odorico pour les mosaïques intérieures. Ce fut l'entreprise de mosaïques, faïences, granite et carrelages Odorico et Baudoux de Rennes, qui fut chargée de l'exécution du revêtement du fanal de Ploumanac'h, concernant l'habillage des marches, des contremarches et du dallage d'entrée réalisé en granit de couleur blanche et jaune. La construction de ce nouvel édifice au même emplacement que l'ancien devait prendre en compte le "site particulièrement pittoresque, de caractère sauvage, et spécifiquement breton, un des plus visités de la côte bretonne constitué par un grand nombre de rochers de formes bizarres, arrondies en granit rose et roux, émergeant du sol". Le site environnant l'ancien fanal avait été classé et protégé peu avant la guerre, aussi l'architecte Auffret de Saint-Malo du travailler de concert avec les Beaux Arts.
Le nouvel édifice présente une architecture totalement différente de l'ancien. Il s'agit d'une simple tour supportant l'appareil d'éclairage sans corps de logis attenant : le feu étant électrifié par une ligne souterraine et non gardienné. On logea l'appareillage et les pièces de rechange dans un local situé à 50 mètres de la tour, au sud-sud-est. Ce petit bâtiment carré en maçonnerie de pierres apparentes était une ancienne dépendance du fanal détruit.
Statut juridique
Statut de la propriété : propriété de l'Etat