En 1917, Halifax est alors avec Sydney le principal port canadien pour l'acheminement de troupes et de matériels vers l'Europe en guerre. La population de Halifax et de Dartmouth située juste sur l'autre rive est alors d'environ 65 000 personnes.
MONT BLANC Navire auxiliaire (1915-1917)
Chantier :
Smith’s Dock C° Ltd, North Shields, Middlesborrough, Grande-Bretagne.
Commencé : 1899
Mis à flot : 25.03.1899
Terminé : 06.1899
En service : 25.06.1899 (MM)
En service : 24.11.1915 (MN)
Retiré : 16.06.1917 (MM & MN)
Caractéristiques : 3 121 tjb ; 4 722 tpl : 1 300 cv ; 97,53 x 13,65 x 4,66 m ; TE 6,50 m ; 1 machine alternative à pilon à triple expansion ; 2 chaudières cylindriques ; 1 hélice ; 2 mâts ; 1 cheminée ; 10 nœuds.
Indicatif : KHTN ; numéro officiel : 173945.
Armement : N. C.
Observations :
Cargo en acier de la Compagnie Générale Transatlantique, acheté sur cale en Angleterre par la SGTM (Société Générale de Transport Maritime) et lancé à Middlesborrough le 25 mars 1899 (Sir Raylton Dixon & Co).
Destiné à la nouvelle ligne de fret Marseille-Brésil La Plata ouverte en 1899
-25 juin 1899 : livré à Marseille
-27.03.1900 : frété successivement à la Cie Franco-canadienne de Navigation pour sa ligne Europe-Canada
-24.09.1900 : à la Cie des Vapeurs de Charge Français pour ses lignes Méditerranée-Atlantique-Grande Bretagne
A partir d'avril 1901 : effectue des voyages sur l'Extrême Orient
-12.1906 : vendu à l'armement E. Anquetil de Rouen
-01.1907 : frété aux Affréteurs Réunis et utilisé comme minéralier
-1915 : l’armement Anquetil devient l'armement Gaston Petit
-28.12.1915 : acheté le par la Compagnie Générale Transatlantique et affecté à la ligne des Antilles et du Mexique
-06.12.1917 : en provenance de Gravesend Bay, New York (commandant Aimé Le Medec) avec un chargement de 2300 t d'acide picrique, 200 t de TNT*, 35 t de benzol et 10 t de coton poudre pour le compte de l'Administration de la Guerre, entre dans le port d'Halifax à 7h30 pour se joindre à un convoi lorsqu'il est abordé à 8h45 à la hauteur des cales de l’avant tribord par le cargo norvégien Imo de la South Pacific Whaling C°, affrété par une société de secours belge et partant sur lest pour New-York.
imo après l'explosion
Sous la violence du choc,
les fûts de benzène chargés en pontée s’éventrent, s’enflamment et se déversent sur l'acide picrique contenu dans la cale n°1.
Compte tenu de la nature de la cargaison, l'équipage évacue précipitamment le navire, tandis que celui-ci est assisté par un remorqueur et des bateaux pompes qui arrosent le bateau en flammes.
Quelques marins du croiseur britannique Hihgflier réussissent à monter à bord pour prendre une remorque, alors que le feu atteint le chargement de TNT contenu dans les cales.
Le navire explose à 9h05, soufflant les navires à quai et une partie de la ville, faisant 3 000 morts et disparus, 8 000 blessés.
1 630 bâtiments sont détruits et 12000 fortement endommagés par l'explosion. Le capitaine de l'Imo, Haakon From, le pilote William Hayes et cinq hommes d'équipage sont tués alors que l'équipage du Mont Blanc survit à l'exception d'un homme, le matelot canonnier Yves Queguinier, qui décède suite à ses blessures le jour même.
L'enquête conduit à l'inculpation du commandant du Mont Blanc, du pilote Francis Mackey, et du commandant de port pour homicide involontaire. L'accusation est ensuite retirée devant l'absence de preuves de négligences.
En avril 1918 la Cour de l'Echiquier du Canada juge que le Mont Blanc est seul coupable du désastre, la Cour Suprême du Canada jugeant en mai 1919 que les deux navires sont coupables au même degré, jugement confirmé par le Conseil Privé à Londres.
Le gouvernement du Canada crée une Commission de Secours le 22 janvier 1918 chargée des pensions allouées aux victimes et de la compensation des dégâts matériels et qui n'est abolie qu'en juin 1976.
L'explosion est considérée comme la plus importante jamais provoquée par l'homme avant la bombe atomique.
Robert Oppenheimer étudie ses effets lors de la préparation des bombardements d'Hiroshima et Nagasaki.
La ville d'Halifax a consacré un musée à cette catastrophe, et tous les 6 décembre à 9 heures une messe solennelle est célébrée.
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Suite et séquelles
Le lendemain, un blizzard frappa la ville, faisant obstacle aux secours. De l'aide immédiate arriva rapidement du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et de Terre-Neuve. Dans la semaine qui suivit, de l'assistance arriva de partout en Amérique du Nord, et des dons parvinrent de partout dans le monde. L'effort le plus célèbre et le plus complet vint de la Croix-Rouge de Boston et du Comité de sécurité publique du Massachusetts. Depuis ce jour, les citoyens de Halifax font don d'un grand sapin de Noël chaque année à la ville de Boston. Cette amitié explique aussi pourquoi bon nombre de Néo-Écossais sont, encore aujourd'hui, fans des équipes sportives bostoniennes comme les Bruins et les Red Sox.
Une bonne partie du folklore local contemporain s'inspire de cet évènement. Une histoire concerne une fenêtre du côté à l'abri du vent, dans l'église St. Paul, sur Parade Square : le trou fait par l'explosion dans la vitre ressemble au buste d'un moine, et un morceau des débris
provenant du désastre est encore incrusté dans le mur du vestibule au-dessus de l'entrée du sanctuaire. Un des héros les plus célèbres de l'évènement fut Vince Coleman ; il prit le risque de retourner à son bureau du télégraphe pour envoyer un message à un train de passagers qui se rendait à la station de North Street pour les alerter du danger imminent. Il fut tué dans la déflagration, mais les trains reçurent son avertissement et s'arrêtèrent à l'orée de la ville de Rockingham ; ils échappèrent aux dommages de l'explosion et relayèrent le message pour appeler à l'aide.
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The immediate impact of the explosion covered 325 acres,
windows were broken more than 50 miles away
Près d'un siècle après la catastrophe, on trouve encore au fond du port de la cordite (très peu soluble dans l'eau) et des munitions non-explosées qui polluent le milieu avec les oxydes de cuivre (colorant les douilles en bleu). Les munitions contenaient par ailleurs du mercure (sous forme de fulminate de mercure) et du plomb qui risquent un jour de contaminer l'environnement marin, la faune et la flore du port et des environs.