Un navire de légende,déjà connu de nous dans d'autres articles, mais pas encore classer dans la rubrique qui lui est due
ici un un bon documentaire a vous de voir
(voir aussi les articles sur "Quel sont ces navires" page 3)
Le navire centenaire du Tanganyika 2015 DocumentairePOUR RAPPELLe Graf von Götzen a été construit en 1913 aux chantiers navals allemands Meyer Werft, à Papenburg. Son nom fait référence au comte (Graf en allemand) Gustav Adolf von Götzen, premier gouverneur de l'Afrique orientale allemande. Peu après sa construction, le bateau fut démonté, puis partit pour l'Afrique de l'Est afin de consolider la présence allemande dans cette zone. Il arriva à Dar es Salam et fut transporté jusqu'au lac Tanganyika par chemin de fer et même à dos d'homme. Après une reconstruction à Kigoma, il est lancé en janvier 1915.
Toujours là un siècle plus tard, le navire de guerre, devenu ferry, connecte désormais les populations des berges, qui s’inquiètent de sa possible disparition.
Quand le Graf von Götzen est mis à flot sur le lac qui sépare alors le Tanganyika (l’actuelle Tanzanie continentale), le Burundi, tous deux sous domination allemande, et le Congo belge, on est en 1915, la Première Guerre mondiale a gagné l’Afrique.
Le Graf von Götzen, nommé d’après le gouverneur des possessions allemandes d’Afrique de l’Est, est envoyé aider les troupes de l’empereur Guillaume II face aux Belges et aux Britanniques, qui ont aussi des colonies dans la région.
Le bateau à vapeur, long de 70 mètres pour 1.200 tonnes, arrive alors du chantier naval allemand de Papenburg (nord-ouest).
Pour rejoindre les berges du lac, il a été démonté, empaqueté dans 5.000 caisses, et a suivi tout un périple: il a effectué une longue traversée par mer jusqu’au port de Dar es-Salaam, un voyage en train vers l’intérieur du Tanganyika, avant de finir entre les mains de porteurs.
Pendant un an, le navire de guerre règne en maître sur le lac, écrasant toute concurrence. Jusqu’à ce que les troupes allemandes soient dépassées par les forces alliées et battent en retraite. Il est alors rempli de ciment, et coulé.
Les forces belges le remontent à la surface, pour le remorquer jusqu’au port de Kigoma. Mais le navire sombre une nouvelle fois, cette fois victime d’une tempête.
C’est Winston Churchill en personne qui va le sauver une nouvelle fois en 1921. Malgré toutes ces années passées sous l’eau, il est encore bon pour le service: avant de le saborder, l’équipage allemand avait pris soin de protéger son moteur d’une épaisse couche de graisse.
Rebaptisé MV Liemba, le nom donné localement au lac, il est alors transformé en ferry en 1927.
Le bateau reprend du service, qu’il assure encore aujourd’hui: l’embarcation est même devenue indispensable à la vie locale.
«Liemba est le seul moyen de transport sûr sur le lac», résume son capitaine, Mathew Mathia Mwanjisi. Les accidents mortels d’embarcations surchargées et vétustes se multiplient en effet sur ce lac emprunté tous les jours par des milliers de Tanzaniens, Burundais et Congolais.
Le bateau «a une importance historique pour la Tanzanie, mais il est aussi très important pour les gens vivant sur les berges du lac Tanganyika», poursuit-il. Rempli à craquer d’ananas, de maïs et de riz, et de centaines de passagers (jusqu’à 600), le MV Liemba parcourt toutes les deux semaines le plus long lac du monde, reliant Kigoma, au nord, en Tanzanie, à Mpulungu, au sud, en Zambie.
Son trajet (600 km) prend en théorie trois jours. Mais en réalité toujours plus: village après village, les escales, qui donnent lieu à de véritables spectacles aquatiques, ont toujours tendance à se prolonger.
Les enfants, sur des canoës de fortune, abordent le navire pour vendre leurs mangues. Agriculteurs et pêcheurs négocient sec leurs marchandises.
Lai Bakari Kiunguti a un petit stand sur le bateau, où se ravitaillent les passagers pendant la traversée. Comme beaucoup, ses revenus dépendent uniquement du MV Liemba. Et elle est aujourd’hui un peu inquiète: l’embarcation vieillit dangereusement. «Quand le Liemba arrêtera de naviguer, je resterai à la maison. Je serai alors pauvre, parce que je ne pourrai plus travailler», glisse-t-elle.
Le navire est constamment en réparation. S’il n’est pas convenablement restauré bientôt, il risque de devoir très vite rester à quai.
En 2011, le gouvernement tanzanien a demandé l’aide de l’Allemagne pour le sauver. La KfW, une banque de développement adossée au gouvernement de Berlin, étudie une possible restauration.
Mais il reviendra peut-être moins cher de simplement remplacer le navire par un nouveau ferry. Cent ans d’histoire disparaîtraient alors avec lui.
Le bateau «porte l’histoire du pays», dit Bertram Mapunda, professeur d’histoire à l’université de Dar es-Salaam, la principale ville de Tanzanie. Pour lui, le bateau devrait être protégé comme le sont les bâtiments et voies ferrées de l’époque coloniale allemande.
D’autant qu’au fil des ans, il a acquis un statut de légende. En grande partie grâce au roman de C. S Forester «The African Queen», adapté au cinéma en 1951 dans un film avec Humphrey Bogart et Katharine Hepburn.
Mais le MV Liemba porte aussi l’histoire récente des Grands Lacs, notamment des guerres qui depuis deux décennies meurtrissent cette région troublée d’Afrique. En 1997, il a ainsi été utilisé par le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) pour transporter plus de 75.000 Congolais rentrant en République démocratique du Congo (RDC), après avoir fui en Tanzanie la guerre chez eux.
Le Liemba: teaser from Julie Clavier on Vimeo.