Le Prince Baudouin diffère totalement des malles précédentes.
Sa longueur entre perpendiculaires a été portée à 109 m.
alors qu'anciennement on considérait 106 mètres comme un
maximum pour le chenal d'Ostende. De même, le tirant d'eau a
été augmenté, suite à l'expérience des quatre malles précédentes
qui manœuvrent aisément avec une calaison de 3 m. 40.
La silhouette du navire est trapue avec cheminée droite unique,
très large, très basse et deux petits mâts verticaux qui sont
réduits au rôle de simple porte-signaux.
Les superstructures sont limitées à l'avant par un fronton à
formes arrondies dans le but de diminuer la résistance aérodynamique.
La conception des aménagements est aussi sensiblement modifiée.
A l'avant sous les cabines des officiers une vaste véranda ou
salon d'observation est une des plus heureuses innovations.
Les halls d'entrée avec les larges escaliers, le fumoir et le restaurant
en bois poli du Congo, constituent aussi une très belle
amélioration.
La 2e classe, devenue si importante à cause de la crise,
est traitée comme une classe des navires antérieurs. C'est
aussi pour des raisons de crise que le nombre des cabines privées
a été fortement réduit et que les salons ont été transformés en
vrais dortoirs. Ceux-ci sont aussi très appréciés pour les croisières
de plaisance.
Enfin, l'éclairage électrique distribue de vrais flots de lumière
diffusée, n'absorbant pas moins de 60 Kw.
La décoration a été dessinée par l'artiste bien connu M. Henry
Van de Velde et c'est sous sa surveillance que tous les meubles
ont été construits par l'atelier de menuiserie du chantier Cockerill.
Parmi les innovations signalons encore :
Le chauffage et la cuisine électriques, un essai de cabine incombustible
en éternit léger, la détection d'incendie à distance et
l'extinction partielle par mousse carbonique, l'isolation sonore
-des salles des machines et des parois des salons, la téléphonie
sans fil duplex à la disposition des passagers, les berceaux de
lancement Schat pour les canots de sauvetage, les machines à
gouverner et les machines de pont électriques, les transmetteurs
d'ordre électriques, la soudure électrique du double fond sous
les moteurs, etc ...
L'installation mécanique comporet deux moteurs Diesel à
2 temps, simple effet, type Sulzer-Cockerill à 12 cylindres de
580 mm. de diamètre par 840 mm. de course, développant en
surcharge chacun 8500 C. V. E. à 268 toursjmin. Ces moteurs ne
consomment que 154 grammes de gasoil par C. V. E. et environ
2 grammes d'huile de graissage. La hauteur des moteurs est de
près de 5 mètres pour une longueur de 14 mètres et une largeur
de 2 m. 20. Le refroidissement des cylindres, pistons et culasses
se fait par eau de mer filtrée. Seules les tuyères d'injection de
combustible sont refroidies à l'eau douce.
Toutes les machines auxiliaires sont électriques. · L'énergie
électrique est fournie par 4 groupes Sulzer, 8 cylindres, 4 temps,
dynamos A. C. E. C. de 485 kw à 550 tours, 1 groupe auxiliaire
de 65 kw. et 1 de 10 kw. Soit une puissance électrique totale
de 2.015 kw., ou à peine 10 p. c. de moins qu'à bord du paquebot
transatlantique géant Bremen. Le poids des câbles électriques
qui distribuent cette énergie atteint 55,000 kilos. Tous les câbles
sont du type protégé H. N. A. Ils sont placés sur gaînes en
acier ou en éternit léger.
L'air de balayage pour les moteurs principaux est fourni par
trois soufflantes électriques, Brown Boveri et Cy. débitant
850 m3/min. à 3,500 tours. Pour amortir le bruit de la circulation
d'air, la hotte d'aspiration de ces soufflantes a été isolée au moyen
de 50 mm. de feutre maintenu par des treillis en cuivre.
Pour éviter autant que possible toute transmission de vibrations
on a placé sous les fondations de tous les moteurs un isolant
en amiante comprimée.
Aux essais officiels à pleine puissance le navire a atteint une
vitesse de 25 1/4 noeuds, soit 46,75 kmjheure, se classant ainsi
le navire de commerce à moteur le plus rapide du monde, et attribuant
à notre ligne le record mondial pour la troisième fois.
Poids de l'installation mécanique : 45 kilos par C. V. E.
Ce navire fait le plus grand honneur à son constructeur la
Société Cockerill et à ses collaborateurs, notamment l'Ingénieur
de la Marine M. Grimard. Cette construction est le couronnement
thierry