.../Suite...
Bonjour les amis.
Je reprends mon récit, au 11 mars 1964, date à laquelle j'ai posé mon sac sur le "Tartu".
Le 12, de très bonne heure ; fidèle à mon habitude, je me lève, pour aller faire un tour de pont.
Tout le poste est, encore, endormi ; pas question de faire du bruit.
C'est, un peu, à l'aveuglette, que je m'habille ; un faible falot me permet de trouver la porte de la coursive, et de sortir.
Là, mon gars, pour arriver à l'air libre ; il va falloir retrouver les repères, que tu as mémorisés, la veille.
Heureusement, j'ai bonne mémoire, et bon sens de l'orientation.
Pas de problème ; après avoir enjambé, ou contourné, pas mal d'obstacles, qui traînent au sol, me voici "clair".
En gros, je refais le même "viron", que la veille, au soir.
Le paysage, que je découvre, est assez décevant ; c'est vrai, que nous sommes, en fond de bassin.
Par contre, je peux approfondir certaines connaissances, du bord, que j'ai pu acquérir, la veille ; tout cela, au milieu du capharnaüm, qui règne, partout.
Le branlebas sonne ; il est grand temps de retrouver le poste.
En fait, nous ne sommes que quelques uns, à l'occuper ; il n'y a que quelques jours, que le "Tartu" est entré, en bassin.
Un "chouf" m'apprend que je vais déprendre, de lui, jusqu'à ce que de plus hauts gradés prennent le relais.
Il est sympa, ça tombe bien ; il me sera d'un grand secours, dans les jours qui viennent.
Je me laisse, donc, guider, par lui : "cafet", couleurs, poste d'entretien, etc...
En ce qui concerne, ce dernier ; hélas, ce ne sera pas au grand air, comme sur le "Normand", mais une longue coursive, dans les entrailles du navire.
Quel dommage ! Et dire que j'y serai affecté, jusqu'à ma "quille"...
Fini, le lavage du pont, à tribord du "Normand", dans le vent, le soleil ou la pluie, avec vue sur tous les mouvements, de la mer et du bord.

Dans cette espèce de couloir, tout est resté en l'état ; mais celui-ci a empiré, au fil des passages des ouvriers.
Il va, donc, falloir, tout reprendre, à zéro.
Mon "chouf" m'accompagne jusqu'à la "soute", à matériel, et me fait délivrer : brosse métallique, toile émeri, lessive st Marc, pots de peinture, pinceaux, rouleaux, chiffons, etc...
Pour commencer : lessivage du plafond et des parois, ponçage (si nécessaire), peinture...
Après, il faudra s'attaquer au sol, et, alors là ; il y aura du boulot.

Je commence, donc, géné, sans arrêt, par les AR intempestifs des ouvriers, qui "salopent", au fur et à mesure, que j'avance, dans mon travail, tout ce que je viens de faire.
Cela sera le cas, hélas, jusqu'à notre appareillage.
Que de retouches seront nécessaires, d'ici là...
Le premier poste d'entretien s'achève ; je n'ai pas vu le temps passer.
Il est temps de passer à la "cafet" ; c'est quand même autre chose que le système du "plat", dans le poste d'équipage, du "Normand".
Après cela, un petit tour, à la "bannette" , puis mn "chouf" memmène, au PC ASM.

L'après-midi se passe ; il m'a expliqué tout ce qu'il faut savoir, pour trouver sa place, dans ce lieu.
Par contre, justement ; quelle sera-t-elle ?
En fait, il n'y a rien de bien différent de ce que j'ai connu sur mon ER (Escorteur Rapide*) ; à part quelques détails.
En fait, il est plus spacieux.
Le reste de la soirée sera, comme celle d'hier.
Au moment de m'endormir, ma pensée sera : vivement que l'on reprenne la mer...
A suivre ...
Xavier
* On les nommait ER (escorteurs rapides), non pas, parce que leur vitesse était notoire (27 noeuds), mais parce que leur temps de "chauffe" était beaucoup plus court, que sur les autres navires, de l'époque.
Cela leur permettait d'être opérationnels, plus rapidement, que les EE (Escorteurs d'Escadre), par exemple.