"Tartu", suite…
Pas de coupée ; me voici, donc, sur cette espèce de pont, en bois, qui relie le bord de la cale sèche, à mon nouveau navire.
Vraiment, j'ai grande hâte de le découvrir…
Pas de coupée, disais-je ?
Alors, dois-je saluer, ou pas ?
Un rapide coup d'œil, à la poupe, me permet de constater que, même à fond de bassin, le pavillon national flotte mollement.
Saluons, donc ; je salue…
Le planton et le sacco m'accueillent ; ils sont sympas, tous les deux.
Par la suite, le second deviendra un pote (mais c'est une autre histoire).
Les formalités sont vite expédiées.
En moi-même, je constate, et c'est amusant, que je n'ai gardé aucun souvenir, de ce qui s'est passé, dans les mêmes circonstances, lors de mon arrivée, à bord du "Normand".
Qu'importe ; j'obéis aux instructions, et me rends au BM (Bureau des Mouvements), où je rencontre le QM1, secrétaire fourrier ; sympa, lui, aussi (ça commence pas mal).
Il m'indique que je logerai au poste n°2 (le même que sur le "Normand").
Il m'ajoute, que j'aurai toute la journée pour me familiariser avec le bord, et que le lendemain matin, je devrai me mettre aux ordres du 1° Maître Torpilleur XXXXX (j'ai oublié son nom).
Je me rends, donc, au poste n°2, où je rencontre le Chef de Poste.
C'est un QM1, et il m'indique une bannette, à ras le sol ; ce sera la mienne.
Et bien, moi qui m'attendais à retrouver bastingage et hamac ; en voilà une surprise…
Je m'y étend, histoire de juger de mon futur environnement de sommeil.
Le moins que je puisse dire ; c'est que c'est un peu exigu.
En fait, j'aurai le matelas, de celui qui loge, juste au dessus de moi ; mettons, à 50 cm, au dessus de mon nez.
Heureusement, je dors, sur le côté…
Cela m'embête, un peu, d'être au rez-de-chaussée ; mais finalement, en cas de tempête, je ne risquerai pas de tomber de haut.
Nous partagerons le poste, à 18 ; les 2 tables, aussi (ici, elles sont fixées, au sol).
Il y a même une armoire, pour moi, tout seul.
Midi ! C'est l'heure du déjeuner ; mais où, et comment ?
Mon chef de poste me dit que c'est à la "cafeteria", et m'invite, à le suivre.
Je le suis, donc, et une fois arrivé ; je tombe, littéralement, sur le c..
Pour une "cafet", c'en est une ; et elle n'a rien a envier, à celles que j'ai connues, à Paris, quand mes déplacements professionnels m'y conduisaient.
Ouf ! là, au moins, je connais le genre…
Le repas expédié (de mémoire, il était bon), et comme rien ne presse ; je m'accorde une petite sieste, histoire de goûter, au moelleux de ma nouvelle couche.
La voilà finie ; place, donc, à la visite du bord, en commençant par les œuvres mortes.
Finalement, je me retrouve, un tout petit peu, comme chez moi.
Effectivement, en 1960, à Brest ; j'ai visité un autre EE, le "Casabianca" (en 3 ans, je n'ai rien oublié).
Ma première impression est que, par rapport au "Normand", nous changeons, carrément, de dimension.

Le tonnage (3.700t), la longueur (130m), l'artillerie (3x2 127mm - 3x2 57mm) ; mazette !
Pour le reste de l'armement ; c'es kif kif, ou presque, à part qu'il n'y a que 6 TLT, au lieu de 12...

Je grimpe, à la passerelle (mon lieu de prédilection, pour les jours de tempête, ou les heures où je ne suis, ni de quart, ni de service, ni de corvée…).
Là, au moins; je puis jouir d'une situation élevée, avec une vue à, presque, 360°.
Hourra ! j'ai trouvé ; pas de problème, il y a, là aussi, 2 ailerons, TB et BB.
Je termine par la visite du PC ASM ; ce sera, comme avant, le centre de ma vie, à la mer.
En fait, il n'est pas tellement plus grand que je ne l'imaginais ; de plus, en gros, il est aménagé comme celui des ER.
Je retrouve mon bon vieux complice, le DUBV (sonar), à BB, toujours.
Vais-je l'armer, moi-même, comme avant ?



Donc, rien de bien nouveau ; je ne serai pas dépaysé.
Restera, donc, à faire connaissance, avec la nouvelle équipe, et avec mon nouvel Officier ASM.
Ce sera chose faite, dans les jours, à venir ; mais, pour le moment, nous n'en sommes pas encore, là.
Ceci fait, je passe dans les entrailles du navire.
Quand je dis "entrailles" ; c'est bien de cela, dont il s'agit.
C'est un b..... monstre.
Si, sur le pont, ce n'était, déjà, pas mal ; ici…
Ca grouille, dans tous les coins ; il y a de tout : hommes, outils, pots de peinture, chiffons gras, bouteilles d'acétylène, bidons, etc...
Houla ! Houla ! Quittons, vite, ces lieux peu ragoûtants…
C'est l'heure des couleurs ; déjà !
Je ne vais, tout de même, pas rater cela …
Voilà qui est fait ; vive la France !
Il ne me reste plus qu'à passer par la "cafet", prendre une bonne douche, et étrenner ma bannette.
La lettre journalière, à ma fiancée, attendra demain, pour une fois.
Bonne nuit, les petits…
Xavier