J'ai contacté mon vieil ami d'avant (et d'après) la FN, Jacques De Blauwe. Il a fait partie de la septième croisière du "météo" du 10 juin au 6 juillet 1948. Il était steward des officiers, ce qui était peut-être un gaspillage de talent car il avait une très bonne expérience de matelotage avant son entrée à la FN, ayant été pendant trois ans un membre assidu de la section de Bruxelles de la Ligue Maritime Belge et ayant participé à plusieurs sorties en mer, dont un Ostende-Rotterdam et retour sur le "Hinders", le chalutier de la section d'Ostende.Le "Billet" avait huit météorologistes à bord, six de la Régie des Voies Aériennes et deux de la FN. pour cette vacation.Trois jours après leur arrivée au point K, un des matelots tomba malade et l'infirmier, il n'y avait pas de médecin ni de salle d'opération à bord, diagnostiqua une crise d'appendicite. Le commandant décida alors de se dérouter sur Falmouth où ils arrivèrent le lendemain matin et le malade fut emporté à l'hôpital par une ambulance qui attendait déjà sur le quai. le commandant accorda une sortie de quatre heures à chaque bordée pour aller à terre avant de repartir au point K. Malheureusement ce jour là était un dimanche. Grande déception, les dimanches anglais de l'époque étaient sinistres. Pas de compétitions sportives sport, pas de pub, pas de restaurant, pas de cinéma ni de dancing, rien ! La plupart des matafs rentrèrent à bord dépités avant la fin de leurs quatre heures.
Jacques a ajouté une commodité que je n'avais pas mentionnée dans les avantages US Navy du "Billet" : il y avait une laverie automatique avec lessiveuse et sèchoirs, ce qui n'obligeait plus les hommes à faire leur lessive dans un seau d'eau de mer avec un savon spécial. La cuisine était moderne et la nourriture très convenable, incomparablement meilleure à celle du "Breydel". Autres avantages : un paquet de cigarette gratuit par jour, plus pour les gros fumeurs la possibilité d'acquérir des suppléments au prix hors taxe à la cantine, ce que faisait d'ailleurs des non fumeurs pour les revendre avec bénéfice après leur retour à Ostende, et aussi, tradition héritée de la Royal Navy, un "tot of rhum" , c'est à dire une ration de rhum vers onze heures, tradition dont j'ai aussi profité sur le Breydel mais qui fut supprimée dans la deuxième moitié de l'année 1948. Enfin, suite de l'affaire, le malade guéri rentra à Ostende plus d'une semaine avant le "Billet" et put ainsi attendre ses copains sur le quai. Jacques avait embarqué in extremis pour remplacer un steward malade, il est arrivé sur le bateau avec quatre francs en poche. On n'était pas riche à la FN en cetemps là.