Bonjour,
Me revoilà pour un nouveau mystère marin.
Je vous demande de lire attentivement les quelques lignes qui suivent.
«Une nuit d’avril, un chef-d'œuvre de la technologie et de l’orgueil humains, un navire long de 243 mètres, 75.000 tonnes de masse brute fonçant à travers le brouillard à 25 nœuds, transportant 3.000 passagers, doté de 3 hélices, s’éventre sur un iceberg, en plein brouillard, lors de sa première traversée de l’Atlantique. 2.000 victimes disparaissent dans les eaux glacées...».
A quelle navire pensez-vous ?
Au «Titanic» me direz-vous !!!!!!!
Petit rappel, de la réalité
Lors de son voyage inaugural, le Titanic, le plus luxueux des transatlantiques de la compagnie britannique White Star Line, heurta un iceberg au sud des bancs de Terre-Neuve. Sur les 2.220 passagers et membres d'équipage qui se trouvaient à bord, 1.513 trouvèrent la mort dans cette catastrophe. En temps normal, les icebergs sont facilement repérables par la mousse blanche qu'ils répandent sur l'eau, et qui, portée par le vent, prévient du danger. Mais cette nuit-là était sans vent, ce qui était exceptionnel dans cette zone de l'océan.
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Le Titanic, remarquable par ses dimensions (plus de 270 m de long) et par sa rapidité, faisait figure de fleuron dans la flotte des paquebots transatlantiques, à une époque où ce mode de déplacement connaissait son apogée. Le navire avait été déclaré insubmersible à cause de ses seize compartiments étanches; cependant, l'iceberg creva cinq d'entre eux, soit un de plus que ce qui avait été considéré possible dans un accident et le bateau sombra en moins de trois heures.
L'enquête qui s'ensuivit révéla que le Titanic avait navigué trop vite dans des eaux dangereuses, que la place dans les canots de sauvetage n'avait été prévue que pour la moitié des passagers et de l'équipage, et que le Californian, qui naviguait à proximité, n'était pas venu à son secours parce que son opérateur radio n'était pas de service.
Vous n'avez rien remarqué ?........ Très ressemblant,...........
Les premières lignes que je vous demandais de lire attentivement ne concerne
PAS le «Titanic».
Mais, c’est ce qu’écrivait en 1898 Morgan Robertson, dans ce roman d’une extraordinaire intensité.
Né en 1861, Morgan Robertson est un auteur spécialisé dans les histoires maritimes et assez injustement oublié de nos jours. Un seul de ses livre, futility (1898) loin d'être le meilleur qu'il ait écrit, lui assure cependant aujourd'hui encore une certaine renommée posthume.
Ce court roman sur la faiblesse de l'homme face aux forces du destin raconte en effet le naufrage du «plus grand paquebot construit par l'homme», le «Titan» . Celui-ci s'éventre contre un iceberg avant de couler, avec la majeure partie de ses passagers, en raison du nombre insuffisant de canots de sauvetage.
Mais les coïncidences ne s'arrêtent pas là : le faisceau des concordances est en effet particulièrement frappant.
En voici quelques-unes, avec, entre parenthèse, les faits équivalents ayant traits au drame du «Titanic».
Titan - ( Titanic )
Traversée en avril - ( 12 avril )
Déplacement de 70.000 T - ( 66.000 T pour le Titanic )
Longueur 800 pieds - ( 882,5 pieds pour le Titanic )
Trois hélices – ( idem que Titanic )
Vitesse max 24/25 nœuds – ( idem que Titanic )
Capacité max de 3.000 passagers – ( idem que Titanic )
2.000 passagers à bord lors du naufrage – ( 2.230 à bord du Titanic )
24 canots de sauvetage - ( 20 sur le Titanic )
19 cloisons étanches - ( 16 sur le Titanic )
3 machines - ( idem sur le Titanic )
Déchirure de la coque sur tribord - ( idem sur le Titanic )
Or, le roman futility a été rédigé 9 ans avant le commencement des plans du Titanic, avant même que l'on songe à sa conception, ce qui exclut évidement toute inspiration d'après des informations réelles.
Écrit quatorze ans avant le plus grand désastre maritime civil de tous les temps, ce livre fut publié pour la première fois en 1898 sous le titre Futility par M.F. Mansfield, dans l’Illinois, aux Etats-Unis.
Alors évidemment, on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit là d’un cas extrêmement clair de prémonition, Robertson n’a rien imaginé, il a «vu», 14 ans plus tôt, la catastrophe. Les comptes rendus de la vénérable Society for Psychical Research regorgent de tels témoignages de personnes ayant eu la vision d’une catastrophe prochaine. Mais Roberston en a fait un livre, ce qui donne bien plus de poids à son expérience et à son récit.
Mais parmi les spécialistes de la question, comme par exemple Bertrand Méheust en France , il n’est pas tout à fait certain qu’il s’agisse réellement de voyance: depuis la fin du XIXème siècle, les grandes nations se livraient à une course effrénée au gigantisme nautique, au mépris des règles de sécurité les plus évidentes (la presse s’inquiétait depuis longtemps du si petit nombre de chaloupes de secours embarquées).
Et le Titanic lui-même n’était que l’aboutissement, le summum, d’une lignée de navires titanesques. Robertson, qui fut marin avant de devenir écrivain, n’aurait-il pas pu simplement coucher sur papier ce que beaucoup redoutaient depuis longtemps?
Jusqu’ici il était difficile de se faire un avis sur pièce, car le fameux roman n’avait jamais été traduit en français. L’oubli est enfin réparé, grâce à l’initiative des Presses de Valmy. Traduit de l’anglais par Marc FAVRE. Préface de Caroline FAVRE, Introduction d’Olivier MENDEZ, Rédacteur en chef de Latitude 41, publication de l’Association Française du Titanic.
Les 120 pages du livre se dévorent d’une traite, en suivant les péripéties du marin Rowland, acteur impuissant du drame un siècle avant Leornado Di Caprio.