Salut Bernard
Par ma même occasion
L'estacade d'Ostende n'est pas la plus moderne du littoral mais sans doute la plus attachante
OSTENDE D'accord, le Pier rénové de Blankenberge vaut le déplacement. D'accord, la jetée de Nieuport offre une vue imprenable avec son phare rouge et blanc dressé comme un point d'exclamation sur l'horizon. OK, l'estacade de Zeebrugge est sans doute la plus longue et la plus moderne. Peu importe... Pour tous les amoureux de la mer, l'estacade d'Ostende demeure la plus belle, la plus rebelle, la plus sauvage, la plus euphorique.
A Ostende, il n'y a pas une estacade. On en compte deux. Les anciens parlent d' «orientale» et d' «occidentale». Les touristes ne connaissent que celle situé à l'ouest du chenal. La seconde, qui se trouve de l'autre côté, à quelques cris de mouettes de la Minque, est inaccessible aux promeneurs.
Si elles font aujourd'hui le bonheur des promeneurs en quête de sensations fortes, ces jetées avaient une tout autre fonction lorsqu'elles furent construites, souvent dans les pires difficultés. Que ce soit à Ostende, Blankenberge, Nieuport ou Zeebrugge, il s'agissait de baliser le chenal qui menait au port et, accessoirement, de le protéger.
Ce n'est qu'au début du XXe siècle que ces jetées ont été aménagées pour les touristes. A Blankenberge, en 1900, le Pier était si souvent le lieu d'un embouteillage de piétons que les responsables communaux y imposèrent un droit d'entrée. A Ostende, on y a installé très vite à son extrémité arrondie un kiosque. On venait pour y prendre l'air marin, pour y danser, pour y boire, pour y noyer un chagrin. Au propre comme au figuré...
Aujourd'hui, il subsiste encore une buvette au bout de l'estacade d'Ostende. On y croise quelques pêcheurs qui viennent plus pour se rouler une cigarette et discuter le coup que pour y remplir leur filet. A marée haute comme à marée basse, c'est le but de promenade ultime.
Il y a quelques années encore, petits et grands saluaient les passagers qui gagnaient l'Angleterre à bord de ferries. Les ferries se sont fait la malle. L'estacade est restée. Fière. Enfin pas toujours. Les soirs de grosse tempête, elle perd parfois une poutre et sa peinture s'écaille avec les intempéries. Elle prend des coups lorsque, emportée par des vagues féroces, une coque vient lui donner un uppercut. Elle se brise aussi. Ce fut le cas le 10 février 1969. Emporté par un vent violent au moment où il rentrait au port d'Ostende, le car-ferry Reine Astrid s'est déporté avant de heurter l'estacade est et de la fendre en deux...
L'estacade d'Ostende sera de nouveau accessible à partir du 1er juilletÀ partir de ce dimanche 1er juillet, l'Estacade d'Ostende sera à nouveau entièrement accessible. La première phase des travaux de rénovation est terminée. L'étape 2 débutera le 1er octobre, jusque avril 2019. Pour la première fois depuis des années, tout le monde pourra marcher jusqu'au point le plus éloigné de l'estacade et profiter de la vue sur la mer, la plage et l'entrée du port.
Les travaux de rénovation ont débuté en octobre 2017 et servent principalement à garantir la stabilité. La deuxième phase de rénovation commencera le 1er octobre, et durera jusqu'à la fin du mois de mai 2019. Dès l'été prochain, l'estacade sera accessible en permanence.
L'estacade est un monument protégé depuis 2008, et a une histoire longue et fascinante. La structure actuelle date de 1888. Avec une longueur d'environ 650 mètres, elle est l'une des plus longues du monde. Depuis la fin du 19ème siècle, une ou plusieurs cafétérias étaient toujours en activité. Au cours de cette période, les bateaux à vapeur ont également accosté à la base de celle-ci, ils assuraient la liaison avec Londres. Au vingtième siècle, l'estacade (Westerstakselel) n'a pas survécu aux deux guerres mondiales, à la tempête de 1953 et à une série de collisions.